Séance du 13 avril 2019
APECE : séance du samedi 13 avril 2019 (14 h 30)
(Sorbonne, escalier C, 2e étage, salle Marc Bloch)
La franc-maçonnerie aux Antilles
XVIIIe-XIXe siècle
par Chloé Duflo
« Parmi les membres de l’autre tableau des Cœurs Unis, nous n’en remarquons qu’un qui le dépars, et c’est le premier surveillant qui a fait une mésalliance, qui le rejette absolument de toute société, et il nous paraît même étonnant Très Chers Frères à vous parler franchement, que plusieurs autres de ses membres que nous connaissons aient pu l’admettre parmi eux. »
C’est en ces termes disqualifiants que les ateliers de Guadeloupe se disputent volontiers la légitimité sociale d’un frère ou d’un atelier. Souvent assimilée aux Lumières et aux forces progressistes du xixe siècle, la franc-maçonnerie apparaît, tant pour ses détracteurs que pour certains de ses affidés, comme un mode de sociabilité éclairé. Pourtant, en analysant ses implantations outre-mer fort peu étudiées, on saisit toutes les contradictions de la sociabilité maçonnique. Exclusivement blanc, car libre, l’espace maçonnique se fait le miroir des élites coloniales et de leurs tensions. Porteurs des normes et interdits de la société coloniale, les frères se posent en effet en piliers de l’Ordre colonial en rejetant non seulement l’homme de couleur hors du temple, mais également en érigeant toute mésalliance en ignominie à exclure.
Les événements révolutionnaires atteignent de plein fouet les ateliers de Guadeloupe qui s’éteignent progressivement face à la dispersion des frères. Les uns choisissent l’émigration, les autres épousent le mouvement révolutionnaire. Tous s’insurgent, en revanche, contre les grandes idées anti-esclavagistes et louent le « bonheur » des esclaves par rapport au labeur des paysans d’Europe.
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